La ville de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, est le théâtre d’une problématique sociale et sécuritaire grandissante : la rivalité implicite entre les forces de l’ordre et les kulunas, ces groupes de jeunes souvent associés à des gangs de rue. *Kolo mabele, mbongo ya mabele, tikela général mbongo ya mabele, mbongo ya maréchal (des taxes illégales imposées aux habitants ou aux commerçants locaux). Vous devez apprendre même comment ils se saluent, comme code avant d’avoir accès aux quartiers où ils contrôlent*. Cette situation pose une question cruciale : qui, entre la police et les kulunas , peuvent véritablement revendiquer un contrôle sur certaines terres et espaces publics dans la ville ?

Dans une ville en pleine expansion démographique, les terres deviennent un enjeu crucial. Certaines zones, souvent non aménagées ou abandonnées, sont convoitées par des groupes privés ou utilisés comme espaces de résidence informelle. Les kulunas, qui ont une emprise sur plusieurs quartiers populaires, exploitent ces failles pour établir un contrôle territorial. Leur présence est souvent marquée par des actes de violence et d’intimidation, rendant la vie des habitants difficile.

De leur côté, les forces de l’ordre, notamment la police, sont accusées d’inefficacité, voire de complicité. Plusieurs témoignages font état de policiers tolérant, voire collaborant avec ces gangs en échange de pots-de-vin ou de services. N’est-ce pas un rôle controversé?

La police, censée incarner l’autorité et assurer la sécurité des citoyens, semble parfois dépassée ou corrompue. Les rapports sur des interventions policières tardives ou absentes dans les zones contrôlées par les kulunas se multiplient. Certains quartiers perçoivent la police comme un acteur complice dans la gestion des terres illégalement revendiquées. Cela amplifie la méfiance des habitants envers les autorités et renforce l’emprise des kulunas.

Les citoyens de Kinshasa se retrouvent coincés entre ces deux forces. D’un côté, ils redoutent les violences des kulunas. De l’autre, ils n’ont que peu de recours auprès des autorités publiques, perçues comme impuissantes ou indifférentes. Cette situation nourrit une crise de confiance généralisée envers les institutions chargées de garantir la sécurité et l’ordre.

Quelles solutions ?

Le 18 novembre 2024, Jacquemain Shabani, Vice-Premier Ministre et Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, a pris la parole lors d’un briefing conjoint avec le Ministre de la Communication, Patrick Muyaya, pour discuter de la lutte contre le banditisme urbain, notamment le phénomène des Kulunas à Kinshasa. Le VPM de l’Intérieur et de la Sécurité a décrit ce problème comme un défi mondial enraciné dans des facteurs sociaux tels que l’injustice et la pauvreté. Il a insisté sur l’importance d’une approche intégrée combinant sécurité, justice, et réinsertion sociale pour éradiquer ce fléau.

Dans ce cadre, il a souligné des initiatives récentes, comme l’organisation d’audiences foraines publiques à Kinshasa, où des présumés délinquants ont été jugés pour divers crimes graves. Cette démarche vise à dissuader les actes de violence en rendant la justice visible et accessible à la population. Il a également encouragé les parents à surveiller leurs enfants et a réaffirmé l’engagement du gouvernement à poursuivre ces efforts pour rétablir la sécurité dans toutes les grandes villes du pays, particulièrement à Kinshasa.

Et donc, la lutte pour le contrôle des terres et contre le banditisme urbain couramment appelé «kuluna» à Kinshasa met en lumière la fragilité de notre police et le besoin urgent d’une réforme profonde. Pour sortir de cette impasse, il faudra des efforts coordonnés entre l’État, la société civile et les communautés locales. Seule une action collective et concertée permettra de restaurer la sécurité et de rendre aux habitants de Kinshasa le droit de vivre en paix.