Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo, est une ville qui ne dort jamais. Pourtant, la nuit, un autre visage se dévoile : celui de l’insécurité, incarnée par les Kuluna. Ces jeunes, armés de machettes, dominent les rues sombres et imposent leur loi. Mais derrière cette violence apparente se cache une réalité plus complexe : celle d’une jeunesse en perdition, abandonnée par un système incapable de répondre à ses besoins.

Un fléau qui terrorise les habitants

Les habitants de Kinshasa connaissent bien la menace que représentent les Kuluna. Chaque quartier a son histoire d’attaques brutales, de vols ou d’extorsions. Cette insécurité a transformé la vie quotidienne : les déplacements nocturnes sont évités, les commerçants se méfient et les parents s’inquiètent pour leurs enfants.

Et pourtant, les Kuluna ne sont pas simplement des criminels. Ils sont aussi le reflet d’une société qui s’effondre. Une société où l’éducation est un privilège, où l’accès à l’emploi est un combat, et où les plus vulnérables sont laissés pour compte.

La violence comme dernier recours

Que ressent-on lorsqu’on naît dans un quartier où l’avenir semble scellé dès l’enfance ? Lorsqu’on grandit dans un environnement où l’école coûte cher et où la survie quotidienne est une lutte ? Pour beaucoup de ces jeunes, la violence est devenue une réponse : un moyen de s’affirmer, de survivre et, ironiquement, d’exister aux yeux d’une société qui les ignore.

Les Kuluna ne sont pas le problème en soi, mais le symptôme d’un malaise plus profond. Leur existence est une conséquence directe d’un système incapable d’offrir des opportunités à sa jeunesse.

Les limites des réponses actuelles

Face à cette menace, les autorités ont multiplié les interventions musclées : arrestations massives, opérations de démantèlement des gangs, patrouilles policières renforcées. Mais ces mesures, bien que nécessaires à court terme, ne résolvent pas le problème. Pire, elles alimentent parfois la haine des jeunes envers l’État, renforçant leur sentiment de rejet et d’exclusion.

Les campagnes de répression, souvent marquées par des abus, montrent leurs limites. On peut détruire un gang, mais on ne peut éradiquer la misère sociale par la force.

Une jeunesse qui attend des réponses

Pour briser ce cycle de violence, il faut aller à la racine du problème. Les Kuluna ont besoin de bien plus que des machettes pour survivre : ils ont besoin d’espoir. Cet espoir passe par l’éducation, la création d’emplois et des programmes de réinsertion.

Des initiatives locales, menées par des ONG et des églises, montrent qu’il est possible de changer les choses. Offrir une formation professionnelle, un accompagnement psychologique ou simplement un cadre de vie plus stable peut transformer la trajectoire d’un jeune en rupture.

Mais ces efforts isolés ne suffiront pas. C’est à l’État de prendre la tête de cette lutte, non pas en criminalisant davantage les Kuluna, mais en investissant dans leur avenir.

Une crise qui reflète un défi national

Le phénomène Kuluna dépasse la simple criminalité. Il met en lumière les défis sociaux et économiques auxquels la RDC doit faire face. La sécurité ne se limite pas à la présence de policiers dans les rues ; elle se construit aussi dans les écoles, dans les centres de formation et dans les politiques publiques qui donnent à chacun une chance de réussir.

Kinshasa a le potentiel d’être une ville vibrante, pleine d’énergie et d’innovation. Mais pour cela, elle doit d’abord tendre la main à sa jeunesse. Les Kuluna ne doivent plus être vus comme des ennemis, mais comme des enfants du pays qui demandent à être entendus.

Un cri d’alerte et d’espoir

La crise des Kuluna est une alerte. Elle nous rappelle que lorsqu’on ignore une partie de sa population, cette dernière trouve des moyens, souvent destructeurs, pour exister.

Mais c’est aussi un appel à l’espoir. Avec une volonté politique forte et un engagement collectif, il est possible de transformer cette jeunesse perdue en une force pour le développement. Le combat contre les Kuluna ne se gagnera pas avec des machettes ou des matraques, mais avec des livres, des emplois et de l’écoute.