La tension monte d’un cran dans les états majors des partis politiques de l’opposition en République Démocratique du Congo, suite à la volonté du Président de la République de doter le Congo d’une nouvelle constitution.
Dans une déclaration commune faite ce mercredi 20 novembre à Kinshasa, les forces vives de l’opposition accusent Félix Tshisekedi d’être plus préoccupé par un troisième mandat que par les problèmes qui rongent le quotidien de la population.
«Il ressort de ce qui précède, qu’au lieu de défendre l’intégrité territoriale de la
RDC, de s’attaquer aux véritables problèmes du pays, de promouvoir la cohésion nationale, Monsieur Tshisekedi cherche à changer la Constitution pour
s’éterniser au pouvoir du reste usurpé et briguer un 3ème mandat, en violation de
l’article 70 qui limite le nombre des mandats présidentiels à 2 et de l’article 220 qui impose, entre autres, que le nombre et la durée de mandat du Président de la République ne peuvent faire l’objet d’aucune révision constitutionnelle», lit-on dans la déclaration de l’opposition.
Et d’ajouter : «À l’unisson, disons haut et fort : pas de changement de constitution, pas de troisième mandat à Monsieur Tshilombo ou qui que ce soit, pas de présidence à vie en RDC! Monsieur Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo doit impérativement respecter son serment qu’il a prêté solennellement devant Dieu et la nation».
Pour les forces vives de l’opposition, le débat sur le changement de la constitution est un faux-fuyant pour éclipser , disent-elles, « l’incapacité de Félix Tshisekedi à pouvoir trouver des solutions idoines aux difficultés auxquelles font face les congolais ».
«Aucune disposition de la Constitution n’empêche Monsieur Tshisekedi Tshilombo d’améliorer les conditions sociales du peuple congolais, notamment en garantissant une rémunération décente pour nos militaires, policiers, enseignants, médecins et autres fonctionnaires de l’Etat ; en donnant à la
population l’accès à l’eau potable, à l’électricité et à des soins de santé de qualité en stabilisant le taux de change ; en construisant et en réhabilitant les routes ; en régulant la circulation routière pour contenir les embouteillages ; en récupérant
Bunagana et la centaine d’autres localités occupées par le M23 ; en mettant fin à
la guerre à l’Est ainsi qu’à l’insécurité généralisée dans le pays», ont déclaré les opposants.
Rejetant en bloc les affirmations de Félix Tshisekedi qui faisaient savoir à Kisangani et Lubumbashi que l’actuelle constitution était l’œuvre des belligérants, rédigée par des étrangers ; l’opposition martèle que la loi fondamentale en vigueur est une production des congolais, rédigée également sur le territoire national.
«Contrairement aux affirmations mensongères de Monsieur Tshisekedi prétendant que la Constitution du 18 février 2006 serait l’œuvre des étrangers,
celle-ci est issue du travail des Congolais réunis à Simisimi dans la ville Kisangani. Elle a été rédigée par le Parlement Congolais et adoptée par le peuple au référendum dans sa très grande majorité exprimée à 85% ; elle est
l’expression de notre souveraineté nationale et ne constitue en aucun cas une imposition, ni des belligérants, ni des puissances étrangères», ont réagi les ténors de l’opposition.
En outre, les leaders de l’opposition estiment que Félix Tshisekedi s’expose à des poursuites judiciaires pour « haute trahison », car le changement de cette constitution est semblable à un coup d’Etat.
«La Constitution n’ayant pas prévu de mécanisme de son changement, cet acte est constitutif d’un coup d’Etat et expose son auteur à des poursuites judiciaires pour haute trahison, fait prévu à l’article 165 de celle-ci», ont-ils écrit.
Dans la même déclaration, l’opposition monte au créneau contre la traque et l’emprisonnement de ses membres.
«La répression contre l’opposition a conduit jusqu’à l’ignoble assassinat de l’Honorable Chérubin OKENDE ; les violations des droits humains, le tribalisme, le népotisme, les arrestations arbitraires et détentions illégales des opposants,
notamment Seth KIKUNI, Jean-Marc KABUND, Mike MUKEBAY et bien d’autres, des journalistes et des défenseurs des droits humains, sont désormais des faits quotidiens», peut-on lire dans leur déclaration.
Il sied de noter que l’opposition annonce des actions des grandes envergures dans les prochains jours pour barrer la route à l’initiative de Félix Tshisekedi, relative au changement de la constitution.