La date du 19 septembre 2016 restera à jamais gravée dans la mémoire collective des Congolais et des Kinois en particulier en raison des incidents survenus ce jour là.
Tout est parti du meeting populaire, le dernier d’ailleurs d’Étienne Tshisekedi, tenu sur le boulevard triomphal à Kinshasa le 31 juillet 2016, quelques jours après son retour à Kinshasa à l’issue des assises de Genval qui ont donné naissance au Rassemblement de l’opposition.
À trois mois de l’expiration du mandat de Joseph Kabila, le pouvoir de l’époque ne donnait aucune intention d’organiser les élections sous prétexte qu’il n’avait pas d’argent. À la place, c’était un dialogue national qui a été organisé sous l’égide du togolais, Edem Kodjo. Ce dialogue sera boudé par une grande partie de l’opposition menée par Etienne Tshisekedi tandis que Vital Kamerhe et consorts y prenaient déjà part.
Devant une foule immense de militants mobilisés par une vingtaine de partis politiques qui composaient à l’époque le Rassemblement de l’opposition, Etienne Tshisekedi intima l’ordre à ces derniers de prendre d’assaut les rues du pays pour exiger le départ de Joseph Kabila dont le mandat touchait déjà à son terme. Malheureusement, la marche tourna au cauchemar! Ce jour là, le pays enregistra 17 morts dont 3 policiers et 14 civils selon le bilan du ministère de l’intérieur.
Le même 19 Septembre dans la nuit, le siège de l’UDPS fut brûlé et une dizaine de militants qui y passaient nuit furent calcinés par des hommes armés jusqu’aux dents.
Un peu tôt dans la journée, plusieurs incidents ont émaillé cette marche notamment le saccage des bus Transco, l’attaque contre plusieurs partis du pouvoir de l’époque dont un siège du PPRD à Limete, le pillage de boutiques et magasins appartenant aux expatriés.
Dans le même ordre d’idées, Martin Fayulu frôla lui aussi la mort durant la même journée, étant ciblé par un tir qui l’a atteint au niveau de la tête. Plusieurs congolais ont été interpellés, certains n’ont jamais été retrouvés jusqu’à ce jour.
Six ans après, Étienne Tshisekedi est décédé, son parti, instigateur principal de cette marche est au pouvoir et les images atroces de ce mouvement de protestation sont encore présentes dans la mémoire collective de certains congolais qui continuent de demander justice et réparation.
Les militants qui ont répondu affirmativement à cette marche sont encore sous les arbres de Limete en quête d’emplois alors que leurs responsables se la coulent douce dans les institutions. Les familles qui ont perdu leurs membres dans cette lutte sont quasiment oubliées et ne reçoivent absolument rien de l’UDPS, parti présidentiel aujourd’hui.
Martin Fayulu qui était toujours à la première ligne au moment des marches est passé aujourd’hui pour un haineux du côté de l’UDPS d’autant plus que les résultats de la présidentielle de 2018 ont créé une zizanie dans ses relations avec Félix Tshisekedi. De l’autre, Franck Diongo qui a soutenu Félix Tshisekedi un moment, a décidé de quitter ses rangs estimant qu’il n’avait aucune vision réelle pour transformer le Congo.
Valentin Mubake, Zacharie Kenda, Jacquemin Shabani et consorts sont les oubliés de la réussite de l’UDPS alors qu’ils ont considérablement travaillé au sein du parti.
Moïse Katumbi dont l’apport matériel et financier au rassemblement de l’opposition n’est pas à démontrer n’est plus en odeur de sainteté avec le pouvoir en place.
Jean-Marc Kabund qui fut le dernier secrétaire général promu par Etienne Tshisekedi ne fait plus partie de l’UDPS, et séjourne à Makala depuis quelques semaines.
Notons par ailleurs que la plus grande victoire de cette lutte demeure le départ de Joseph Kabila du pouvoir en dépit de la présence encore remarquable de ses poulains qui ont traversé la barque au nom de la transhumance qui caractérise la classe politique congolaise.