Alors que le bilan officiel dressé par le gouvernement faisait état de 18 morts et 175 maisons incendiées, le chiffre s’est alourdi après le passage de la mission gouvernementale. Les informations recoupées auprès des sources locales font savoir que la situation sécuritaire à Kwamouth se dégrade au quotidien.
Des affrontements ont de nouveau opposé les Yaka et les Teke. Près de 40 personnes ont perdu la vie et 200 maisons ont été incendiées d’un côté. De l’autre, la population déserte la cité de Kwamouth, en proie à l’insécurité.
Selon nos sources, c’est la redevance coutumière imposée aux Yaka sur leurs produits agricoles qui a éclaté le conflit. Le recouvrement forcé de cette redevance, les arrestations arbitraires pour non paiement et le traitement inhumain infligé aux insolvables sont les éléments qui ont déclenché les hostilités, apprend-on des sources locales.
Par ailleurs, d’autres sources informent que les Teke qui se considèrent comme originaires et propriétaires de la cité de Kwamouth se sont imposés à la tentative des Yaka, accusés de vouloir installer illégalement un chef coutumier dans une terre qui ne leur appartient pas. Dans cet imbroglio, les affrontements violents entre les deux ethnies ont éclaté au point d’occasionner plusieurs morts à ce jour.
La recrudescence de l’insécurité à Kwamouth, une cité située à 200 kilomètres de Kinshasa inquiète. Selon un responsable de la société civile locale qui a requis l’anonymat, les Teke et les Yaka qui sont mis en avant plan de ce conflit sont comparables aux arbres qui cachent la forêt.
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» Ce qui se passe à Kwamouth est à la fois horrible et terrifiant. Le mode opératoire des assaillants est similaire à celui des ADF et d’autres groupes rebelles qui opèrent à l’Est du pays. Au départ c’était des armes blanches mais actuellement on tue avec des armes à feu. Vous allez vous rappeler qu’à un moment donné des éleveurs venus du Grand Kivu ont débarqué dans la cité de Kenge qui se situe à une centaine de kilomètres de Kwamouth avec leurs animaux. Ces gens ont disparu dans la nature mais selon nos investigations ce sont eux qui sèment la terreur à Kwamouth. La cité est devenue invivable, plusieurs habitants de villages se sont déplacés vers Kenge et Bandundu ville tandis que d’autres ont traversé à Brazzaville « , a-t-il dit à la rédaction de Profondeur.net
Et d’ajouter : « Jamais dans l’histoire de Maï-Ndombe les gens se sont affrontés avec des armes à feu. Des acteurs politiques sont derrière cette situation et ce sont eux les tireurs de ficelles. Il n’y a pas eu rentrée scolaire à Maï-Ndombe à cause de ce conflit et j’en appelle à l’implication personnelle du chef de l’État pour mettre un terme à ces atrocités ».
Le déploiement de la mission gouvernementale et les mesures prises par celle-ci parmi lesquelles la suspension de l’administrateur du territoire de Kwamouth ainsi que du responsable de la police n’ont eu aucun impact dans la résolution de ce conflit. Quelques heures seulement après le retour à Kinshasa de cette mission, le sang a de nouveau coulé à Kwamouth.
Dans la foulée, certains militaires déployés dans la cité de Kwamouth pour restaurer la paix, replient faute de munitions pour combattre les assaillants, alerte le député national élu de Bagata, Garry Sakata.
“La situation qui se passe ici est anormale. Il y a 12 militaires fuyant le combat ou les atrocités à Kwamouth qui ont traversé la rivière Kwango pour se retrouver dans le secteur de Wamba, principalement à Fatundu. Sans munitions, ils n’ont pas pu faire mieux que de capituler et traverser la rivière” , a expliqué le député Garry Sakata.
En outre, la population qui déserte les villages en conflits à Kwamouth passent nuit à la belle étoile et se retrouve sans aucune assistance.
“Nous ne voulons pas l’extension de ce conflit parce qu’au moment où je vous parle, plus de 1000 personnes dormant à la belle étoile, venant de Menkwo, Bisiala, Bunsele sont dans le territoire de Bagata principalement à Fambondo, Fasila et à Fatundu. Ces personnes ne reçoivent aucune assistance de la part du gouvernement » , a fait savoir Garry Sakata.
Pour rappel, en décembre 2018, un conflit communautaire avait opposé deux ethnies de la province de Maï-Ndombe. L’ethnie Batende avait pris d’assaut la ville voisine de Yumbi occupée par l’ethnie Banunu. Le bilan de ces atrocités demeure lourd.
Selon les enquêtes de l’ONG américaine Human Wright Watch, 535 personnes furent assassinées, 111 personnes blessées, 1500 maisons d’habitations, centres de santé et écoles vandalisés sans oublier le déplacement de 16.000 personnes.